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Article de Valérie TALMON, Les Echos Entrepreneurs, le 25/09/2014

http://www.lesechosdelafranchise.com/franchise-les-echos/financement-des-pme-les-banques-coupables-42271.php

Crédit : le point sur les outils financiers à destination des entreprises

« Les banques ne financent plus les PME » : depuis quelques années, cette phrase revient sans cesse. Les banques s’en défendent et affirment continuer d’augmenter leurs crédits et accepter près de 80% des demandes. Les encours de crédit aux entreprises ont même progressé à fin juillet de 1,8 % sur un an. Ceci alors que les PME peinent à financer leurs besoins.

Comment l’expliquer ? Schizophrénie ? Défaitisme à la française ? Plutôt une interprétation unique d’une réalité à plusieurs visages.

Le métier des banques a évolué

Certes, près de 95% du financement des PME est assuré par les banques. Pourtant, Anne Binder, vice-présidente de PME Finance et administratrice de Vox Femina, remarque que « leurs politiques commerciales et leurs contraintes ont changé : contraintes à des ratios de sécurité de plus en plus importants, poussées par les exigences de leurs actionnaires, elles ont mis l’accent sur d’autres activités que le prêt direct au cours des 25 dernières années. Des équipes « entreprises » moins aguerries, des prêts adossés – souvent sortis des encours de la banque et passés aux équipes de filiales spécialisées-, peu de produits pour financer la croissance du fonds de roulement, des traitements décentralisés : le dialogue est devenu plus difficile avec les sociétés les plus petites ou qui traversent des passes difficiles… »

Déconnexion entre économie financière et économie réelle.

Résultat : une déconnexion entre économie financière et économie réelle.

Et si les banques ne financent plus de la même manière les entreprises, ce creux de marché n’a pas été rempli par d’autres acteurs. En France, les business angels et le crowdfunding, deux modes de financement « tendance », n’ont pas suffi à compenser cette évolution du financement des PME. « Force est de constater que le processus de désintermédiation est lent et chaotique, souligne Anne Binder. Le marché financier des PME ne s’est jamais développé malgré de multiples tentatives depuis les années 80, les assureurs sont encore réticents à investir dans les PME, et les fonds d’investissement gardent une place insuffisante. Pourtant aujourd’hui, il semble que nous soyons plus que jamais dans une phase favorable : la PME est l’honneur, au centre des espérances de la reprise et des espoirs mis dans l’innovation. »

Réapprendre à parler avec les banques

La bonne nouvelle ? Les bons projets trouvent des financements. Mais pour cela, les chefs d’entreprise doivent réapprendre à parler avec les banques en s’adaptant à leur nouveau mode de fonctionnement et de prise de décision. « A eux de comprendre les règles de fonctionnement de leurs interlocuteurs financiers et de s’adapter, estime Anne Binder. A eux de devenir plus transparents, plus rassurants. A eux encore de savoir choisir le bon interlocuteur. L’entrepreneur doit séduire sa banque ou son investisseur, et pour cela prendre le temps et les moyens de s’ouvrir : rassurer sur son projet et ses perspectives, rassurer sur son organisation managériale et sa gouvernance, rassurer encore sur son organisation opérationnelle et sa maîtrise des indicateurs, et enfin apprendre à  communiquer utilement, systématiquement et régulièrement. » Ouvrir son conseil d’administration, savoir s’entourer de conseils et se doter de tableaux de bords : une bascule culturelle stratégique pour les entreprises.

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