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Le groupe Fournier, à qui appartient notamment Mobalpa, va investir 30 millions d’euros supplémentaires dans son outil industriel en Haute-Savoie. Ultraperformante, la PME familiale veut encore gagner en flexibilité et en parts de marché.

Tous les jours à midi, Bernard Fournier, PDG du groupe éponyme auquel appartient l’enseigne Mobalpa, traverse l’usine pour aller déjeuner au restaurant d’entreprise. Derrière les vitres, les alpages, les forêts et les sommets calcaires du massif des Aravis rutilent. C’est ici, à Thônes, dans la capitale du reblochon, que s’élabore la cuisine du futur.

Vous claquez la porte trop fort ? Votre meuble crie « aïe », vous posez votre smartphone sur le plan de travail bourré de micro-capteurs et il se recharge, la notice incorporée dans les matières premières et lisible par Bluetooth… Autant d’exemples que Bernard Fournier se plaît non seulement à imaginer, mais aussi à mettre en œuvre. Dans le plus grand secret, ses ingénieurs rencontrent à Grenoble les chercheurs du CEA Leti, le laboratoire spécialiste mondial des nanotechnologies. « Il faut qu’on soit suffisamment imaginatif et créatif vis-à-vis du consommateur pour le séduire en trouvant de nouvelles applications sans que cela soit du gadget », explique Bernard Fournier.

A côté des géants Ikea, Conforama, Leroy Merlin ou But, le groupe Fournier annonce détenir 10 % du marché français très concurrentiel de la cuisine. Tous ses produits sont fabriqués en Haute-Savoie, près d’Annecy, sur quatre sites de production (2 à Thônes, 1 à Metz-Tessy et 1 à Alex). « Depuis 1984, l’entreprise a multiplié par trois le nombre de ses salariés, c’est quand même énorme », relève Gisèle Bonnot, directrice de l’Agence économique de Haute-Savoie.

Progresser à l’export  La société espère augmenter ses parts de marché, et surtout ses ventes à l’export, qui ne représentent que 14 % . « Nous sommes encore très “franco-français” », regrette Bernard Fournier. L’enseigne Mobalpa se déploie à Shanghai et en Asie. « On travaille la qualité et l’efficacité », résume Bernard Fournier. Pour cela il investit. Enormément : entre 20 et 40 millions d’euros par an, 30 millions en 2014. « C’est une industrie très capitalistique : il nous faut gagner en flexibilité et en personnalisation des produits, c’est notre fil conducteur », répète Bernard Fournier. Les clients visualisent leur future cuisine en 3 D et choisissent jusqu’à la couleur des vis.

« Du sur-mesure sur une production de masse » , « Ils sont brillants et capables, de faire du sur-mesure sur une production de masse », s’enthousiasme André Montaud, directeur de la plate-forme technologique Thesame. A ses yeux, les dirigeants du groupe Fournier « sont des champions du Lean management et leur société une des plus belles boîtes dans l’optimisation de la production. C’est un modèle de classe internationale, c’est sûr et certain, car je ne crois pas qu’il y ait d’autres entreprises, même dans l’automobile, qui soit aussi avancée dans l’intégration entre le client final et la production », ajoute-t-il.

Chez Mobalpa, la modestie est de règle. « Forts de notre culture du bien-faire, de nos montagnes, nous repoussons nos limites chaque année », assure Bernard Fournier. C’est certain, il n’aurait pas installé son usine et son siège social à Thônes, mais le groupe est né ici et les investissements, y compris un showroom, sont désormais trop importants pour déménager. Et puis quitter ce lieu, « entre le lac d’Annecy et la montagne », serait sûrement impossible pour les Fournier : le frère Pierre est directeur financier et le fils ainé, Antoine, est au service des achats.
Source : Gabrielle SERRAZ, Les Echos, le 18/03/2014

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